Gildore de Curomiel

La petite tête brune de Gildore vit le jour pour la première fois il y a environ soixante ans, à Glargh, dans l'aisée famille des Curomiel. Ses parents, d'un sang bleu qu'ils lui transmirent, ne s'occupèrent qu'au strict minimum de lui comme de son grand frère et de sa petite sœur. Leur ascendance les forçant à toujours paraître, encore et encore, sans jamais prendre le temps, ni vraiment avoir l'envie, On pourrait rajouter que sa famille se vend comme étant, miraculeusement, descendante directe de la lignée des Meuldors, ascendance qu'ils tentent de justifier par tous les moyens en étant les plus sages, les plus nobles et les mieux coiffés lors des sorties mondaines.

Naturellement, Gildore n'est pas resté insensible à cette idée d'avoir dans ses veines un sang d'une pureté presque incomparable! Pour autant, il n'a pas développé le caractère intriguant de son frère Miedümïel ou de la beauté envoûtante de la petite Circunna après un traitement au shampoing Loreliane. C'est dire que du haut de son mètre quatre-vingt, de sa longue chevelure châtaigne et de ses mains pleine d'adresse, il ne se sentait pas à sa place dans un monde où il ne saurait jamais utiliser son plein potentiel autrement qu'en maniant le peigne. Il pensait souvent aux exploits d'un de ses aïeux dont les portraits ornaient certaines pièces de la maison: le grand Fiersire, un aventurier qui avait ramené gloire et fortune sur la maison déclinante des Curomiel. Resté une source d'inspiration depuis trois siècles, son souvenir n'avait pour autant jamais convaincu un haut-elfe de partir à l'aventure, jusqu'à Gildore.

Il supporta une existence d'apparence pendant soixante ans, un temps relativement court pour un elfe, d'ailleurs, mais qui peut être long quand on s'ennuie!
En vérité, il aurait pu tenir encore longtemps à devoir parader dans les salles de la noblesse, mais un événement le poussa à partir à l'aventure. Ses parents, qui souhaitaient qu'il gagne en indépendance, afin de ne pas l'avoir sur le dos, profitèrent du départ de Miedümïel vers Waldorg pour offrir sa maison (une demeure bourgeoise de taille moyenne dans un quartier riche) à son petit frère. Gildore se retrouva donc dans sa nouvelle demeure, où il s'ennuya encore plus qu'à l'accoutumé, ne pouvant même pas profiter de la présence de domestiques, de Circunna ou autre.

Alors il se perdit dans les aventures de son ancêtre, retrouvant d'anciens livres qui contaient ses aventures et ses exploits, même s'ils étaient sans doute exagérés. Contre l'avis de toute sa famille, qui ne fût pas loin de le renier, Gildore de Curomiel finit par céder à ses envies de bouger: il acheta tout l'équipement qu'il put en suivant les conseils d'un maître-d'armes riche du quartier, enfourna son cheval Crinvaillant et se mit à la recherche d'un groupe qui lui permettrait de faire retentir à nouveau le nom des Curomiel parmi les aventuriers de Fangh...